La Flore

Aperçu de la distribution de la végétation en Fenouillèdes

Les étages de végétation

Le massif des Fenouillèdes est un espace de transition entre la plaine méditerranéenne du Roussillon et le milieu montagnard pyrénéen. Il offre une gamme diversifiée de milieux grâce à une géologie variée comprenant roches siliceuses et calcaires et des altitudes passant de l’étage méditerranéen à l’étage montagnard ainsi que des expositions contrastées.

Le Fenouillèdes est situé dans un domaine bioclimatique caractérisé par plusieurs étages de végétation soumis chacun à un certain nombre de caractéristiques écologiques (en particulier climatiques, mais aussi de sol) distinctes et caractérisées par des types de végétation. On peut y distinguer trois étages de végétation (voir carte ci-dessous).

- L'étage mésoméditerranéen couvre l’essentiel du Fenouillèdes (Bas-Fenouillèdes) jusqu'à des altitudes variant de 400 à 600 m en fonction des roches et de l'exposition. Il correspond à la partie orientale de la région située à l'est d'une ligne qui va de Saint-Paul-de-Fenouillet à Montalba-le-Château et s’incurve localement vers Caudiès-de-Fenouillèdes.

Cet étage est soumis au climat méditerranéen avec une période sèche estivale, des précipitations automnales, des températures élevées en été et des hivers doux avec de rares gelées. C’est le domaine du pin pignon sur substrats cristallins arénisés et du pin d’Alep sur marnes et sols calcaires dans les parties les plus basses. Dans la partie méridionale du Fenouillèdes (vallée de la Désix et plateau de Séquères, Trévillach) et jusqu’à environ 700m, la flore est typiquement méditerranéenne constituée pour l’essentiel de garrigues avec une végétation rase comprenant des épineux comme les ronciers et les églantiers ou bien encore des ligneux comme les cistes, les buis ou les bruyères arborescentes. La végétation arbustive est dominée par le chêne vert (Quercus ilex), le chêne liège (Quercus suber) et le pin sylvestre (Pinus sylvestris).

- L’étage supraméditerranéen s’étend de 600 à environ 1000 mètres d’altitude. C’est un étage où dominent les chênes à feuilles caduques (Quercus pubescens ou chêne blanc) et les châtaigniers mais on note la persistance du chêne vert.

En Haut-Fenouillèdes, la forêt de Boucheville offre une formation forestière très développée avec une hêtraie (Fagus sylvatica) largement représentée en association avec le sapin (Abies alba). On y trouve aussi des zones à pin sylvestre et sur les flancs nord et sud de la forêt, dans les parties basses, on retrouve des taillis de chêne vert et de chêne pubescent.

- A partir de 900 à 1200m, on entre dans l'étage montagnard assez peu représenté en Fenouillèdes, à l’exception en forêt de Boucheville et sur les hauteurs de la bordure sud-ouest du Fenouillèdes. Selon l'exposition la végétation est constituée de hêtraies-sapinières ou de sapinières et pineraies.

Sur la carte ci-dessous en courbes de niveau espacées de 200 m, on distingue trois étages de végétation l'étage mésoméditerranéen de 200 à 600m, l'étage supraméditerranéen de 600 à 1000m, l'étage montagnard au-dessus de 1000m

Carte de la végétation de la France (1:200,000), feuille Perpignan 

Sur cette carte la végétation réellement observée. Une série de végétation est caractérisée par une couleur (jaune pour le chêne vert) associée à une intensité qui est attribuée en fonction du stade de la dynamique : pelouse (très clair), lande (moyen) ou forêt (teinte la plus vive).

La végétation du massif granitique de Quérigut-Millas

Au sud de la vallée de la Désix, le massif granitique de Quérigut-Millas est un relief allongé qui s’étire depuis une altitude de 250 m aux abords de la vallée de la Têt jusqu’au Roc des Quarante Croix culminant à 1356m.

La partie basse de ce relief est couverte par une garrigue basse qui passe progressivement avec l’altitude aux landes montagnardes vers le Roc Jalère et au-delà jusqu’aux altitudes qui dépassent les 1000m.

Le flanc nord de ce massif est caractérisé par une morphologie de plateaux où émergent au milieu des garrigues et pelouses quelques arbres qui forment des petits ilots forestiers issus de plantations de résineux comme c’est le cas pour la forêt de Campoussy (initiée dans les années 1960, photos aériennes de 1962). Les plateaux sont entaillés par des vallons encaissés dont les flancs lesquels se développent une végétation plus dense.

Quelques plantes de la garrigue

La garrigue abrite une végétation variée qui se développe souvent sur un sol très minéral et pauvre en nutriments et soumise à un soleil estival implacable. Pour affronter ces conditions, les plantes ont développé des stratégies ingénieuses en adoptant des mécanismes d’adaptation à la sécheresse. Les plantes portent des épines (arbustes épineux: genêt scorpion, genévrier cade, ciste, buis, chêne kermès) ou des petites feuilles (thym, romarin, lavande...) permettant à la plante de moins s’exposer au soleil et ainsi de moins transpirer (moins perdre d’eau) et donc de retenir l’eau dans leurs tiges. De plus les feuilles portent souvent des poils qui retiennent une atmosphère humide au contact de la feuille.

Ci-après quelques photos de la flore observée en particulier autour de la vallée de la Désix et de ses alentours

Les cistes

Le ciste cotonneux 

(cistus albidus)

Dans la partie méridionale du Fenouillèdes entre Montalba-le-Château et Sournia et en remontant vers les hauteurs, une végétation arbustive, à dominante de chênes verts, alterne avec des garrigues à cistes qui occupent en particulier des zones anciennement pâturées ou cultivées.

Les cistes sont pyrophytes (multiplication et reproduction favorisées par le feu), ils sont les premiers à repousser après un incendie. C’est une espèce colonisatrice de zones brûlées (brulis, incendie, écobuage...). Les graines dures accumulées dans le sol germeront après avoir subi le choc de la chaleur du feu. 

Ciste cotonneux

(Cistus albidus)

Cet arbrisseau à fleurs roses a été qualifié de "blanc" à cause du duvet cotonneux (albidus) qui couvre les deux faces de la feuille et lui donne un aspect blanchâtre. La floraison qui survient en avril-mai donne de grandes fleurs, à pétales roses chiffonnés et caducs dans la journée de leur éclosion. C'est le premier ciste à fleurir.

Photo : Montalba-le-Château

Ciste à feuilles de laurier

(Cistus laurifolius)

Ce ciste à fleurs blanches et onglet jaune est largement répandu sur les plateaux depuis Montalba jusqu'au delà de Sournia. Les fleurs sont chiffonnées et les feuilles vertes et glabres en dessus sont persistantes.

Photo : Campoussy

Floraison des cistes en Mai

Photo : Plateau de Séquères

Le cytinet

(Cytinus hypocistis)

Lorsque fleurissent les cistes, à la couleur blanche des fleurs et à l’aspect cotonneux des feuilles, s’ajoutent une palette de couleurs allant du jaune, orange et rouge au pied des cistes. Ce sont des plantes parasites qui se développent sur les racines des cistes à fleurs blanches que l’on appelle couramment cytinets ou cytinelles (Cytinus hypocistis). Le cytinet est la seule plante endoparasite de la flore française.

C’est une plante facile à reconnaitre composée d’un bouquet de fleurs jaunes entourées d’écailles oranges ou rouges, les feuilles sont absentes, la plante étant un parasite.

Cytinet ou cytinelle

Photo : Campoussy

Cytinet rouge

Photo : Campoussy

Détail d'un cytinet qui se développe sur une racine de ciste

Les genêts

Au printemps, les garrigues du Fenouillèdes, fleurissent en prenant des couleurs d'un jaune vif, avec le développement des genêts.

Le genêt épineux ou genêt scorpion

(Genista scorpius)

Aussi appelé épine-fleurie, c'est une espèce de plante arbustive très épineuse Ses rameaux sont couverts d’épines vigoureuses et parsemés de petites feuilles caduques. Il présente une abondante floraison jaune au printemps.

Photo : Montalba-le-Château

Genêt à balais

(Cytisus scoparius)

Espèce d’arbuste à feuillage caduc, qui au printemps, forment d'importants buissons jaunes, souvent très odorants, un peu partout dans les garrigues et les maquis. C’est une plante mellifère principalement pollinifère (pollen de couleur jaune orangé).

Photo : Campoussy

Le genêt poilu

(Genista pilosa)

C’est un arbrisseau de petite taille (20 à 50 cm) très ramifié, ses petites feuilles sont entièrement munies de poils qui lui ont valu son nom. On le rencontre couramment dans des landes, pelouses sèches, falaises, sur sols calcaires ou acides. 

Le genêt poilu

(Genista pilosa)

Comme le genêt à balais, il possède des petites fleurs d’un jaune éclatant qui dégagent un agréable parfum. La floraison se fait d’avril à juin.

Thym, romarin, lavande à toupet

Le Thym

(Thymus vulgaris)

C'est l'herbe emblématique des garrigues méditerranéenne. Le thym se présente en petites touffes gris-bleu surtout dans un sol aride parsemé de roches affleurantes. La floraison du thym, débute courant mai mais c'est en juin que ses feuilles exhalent le plus de parfum.

Le thym comprend au moins six essences, dont les molécules sont stockées dans de petites glandes situées à la surface des feuilles, ces molécules issues du métabolisme de la plante lui donnent son odeur et produisent les huiles essentielles.

Le Romarin

(Rosmarinus officinalis)

Comme son compère le thym, le romarin symbolise aussi la garrigue. Il libère des essences odorantes agréables qui participent à la protection de la plante face à la sécheresse. D’ailleurs, pour résister aux contraintes de l’aridité le romarin adopte une modeste taille d’arbrisseau. Il se plaît sur les terrains pierreux mais s'adapte facilement à tous types de sols méditerranéens.

Cet arbrisseau buissonnant peut dépasser un mètre de haut. Il est toujours vert, d'aspect touffu, à rameaux très nombreux et très feuillés. Il comprend des feuilles étroites, épaisses et coriaces, avec une face inférieure velue, afin d’éviter une trop forte évapotranspiration.

Sa floraison s’étale, en général, de janvier à mai, et ses fleurs sont d'un bleu pâle avec parfois une teinte mauve.

Il possède de nombreuses vertus phyto-thérapeutiques, mais c'est aussi une herbe utilisée en cuisine et une plante mellifère (le miel de romarin est très réputé), ainsi qu'un produit fréquemment utilisé en parfumerie.

Photo : Montalba-le-Château

Lavande à toupet

(Lavandula  stoechas)

 C'est une lavande sauvage. parfois appelée lavande papillon, mais son nom scientifique vient des îles Stoechades (Îles-d'Hyères). Comme toutes les lavandes, elle aime la chaleur et le plein soleil préfère pousser dans la rocaille. La plupart des lavandes poussent sur des sols calcaires, la lavande à toupet préfère les sols légèrement acides. C'est une espèce de lavande très florifère et dégage une odeur camphrée et peu utilisée en parfumerie. Son nom vient de sa fleur organisée en petits épis surmontés par des bractées qui forment une sorte de toupet.

Elle est très présente sur les garrigues entre Trévillach et Sournia.

Photo : Campoussy

Des orchidées

Que ce soit dans les garrigues ou les forêts de l'étage supraméditerranéen du Fenouillèdes, les orchidées sont présentes. Dès le printemps, on peut les rencontrer facilement le long des sentiers qui traversent les zones boisées, mais aussi dans les espaces ouverts comme les garrigues. 

Pour les amoureux des plantes sauvages et bien sûr des orchidées, je ne saurais vous recommander l'excellent ouvrage de R. Buscail "A la découverte des orchidées du Languedoc et Pays Catalan". Torcatis, FNAC, Amazon, etc....

Pour l'instant, nous avons identifié seulement 2 espèces d'orchidées dans 2 environnements différents.

(rosier sauvage ou rosier des chiens*)

(Rosa canina)

Cet arbrisseau épineux, très répandu dans les garrigues et prairies de cette partie des Fenouillèdes, peut atteindre 2 mètres de hauteur. Les fleurs, appelées églantines, ont une corolle simple à 5 pétales de couleur blanche à rosée et possèdent au cœur de nombreuses étamines. En automne, à la place des fleurs se forment des « fruits » de couleur rouge écarlate plus ou moins ovoïdes surnommés « gratte-culs », car ils donnent le « poil à gratter ». En fait, ce sont de faux fruits appelés « cynorhodons » qui contiennent vingt à trente vrais fruits qui sont des akènes.

Les fleurs et les cynorhodons ont été utilisés dès le Moyen âge pour leurs vertus culinaires et médicinales. Au printemps, les pétales parfumés servent à fabriquer de l’eau de rose ou de la gelée. Les fruits de l’églantier contiennent 10 à 25 fois plus de vitamine C que les agrumes. Les cynorrhodons séchés peuvent trouver un emploi dans de nombreuses tisanes et dans des compotes. Et c'est à partir de ses graines (vrais fruits) que l'on obtient l'huile végétale d'églantier.

*Le nom de « rosier des chiens » vient de la propriété attribuée autrefois à la racine de cette plante censée guérir les morsures de chiens enragés.

Photo : Campoussy

Orchis bouffon

(Anacamptis morio)

Cette orchidée aux couleurs allant du violet foncé au rose pâle, a été rencontrée le long d'un sentier de la forêt domaniale des Fenouillèdes sur un substrat granitique. Elle fleurit à partir du mois d'avril et celà jusqu'en juin. 

Photo : Col de Roc Jalère

Orchis pyramidal

(Anacamptis pyramidalis)

Elle porte un grand nombre de fleurs roses. Elle a été rencontrée dans une garrigue au substrat sec et calcaire ce qui est le cas autour du col des Auzines

Photo : Col des Auzines